Le broyé du Poitou, les macarons de Montmorillon ou encore le farci poitevin portent haut le drapeau culinaire de la Vienne. Des produits rares comme le safran et la truffe composent également le patrimoine gastronomique de notre département, sans que le grand public ne soit forcément au courant. À la période où le diamant noir alias Tuber melanosporum arrive au top de sa maturité, je vous propose de nous y intéresser de plus près. Histoire que nul n’ignore plus son existence !
L’ÉVÉNEMENT
Jeudi 23 décembre à partir de 10h s’ouvrira le premier Marché aux Truffes à la Maison du Tourisme de la Vienne, au pied de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Quatre trufficulteurs, parmi lesquels M. et Mme de Kermadec dont j’ai pu goûter les produits si parfumés, vous donnent rendez-vous avec leurs perles noires aux alentours de 40 à 100 euros les 100g (dans une recette classique, comptez 10g de truffe par personne). Attention, les premiers arrivés seront certainement les mieux servis…
Jusqu’à fin janvier, d’autres marchés sont programmés à Chauvigny, Vivonne, Civray et Loudun. En savoir plus sur toutes les dates des marchés aux truffes dans la Vienne
Mme et M. de Kermadec
ORIGINE VIENNE
Figurez-vous que la paternité de la trufficulture française est attribuée à un Poitevin. Aux alentours de 1790, Pierre Mauléon, meunier à Beuxes près de Loudun, a avant tout le monde l’idée de semer des glands issus de chênes. Aux pieds de ses arbres, la cueillette du précieux champignon se révèle abondante. Ainsi naissent les premières truffes cultivées avant la fin du XVIIIe siècle.
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, ce type d’exploitations se développe en France. Avec 20 tonnes par an (l’équivalent de la production nationale actuelle !), la Vienne fait alors partie des premiers départements producteurs. Au début du XXe siècle, le savoir-faire se perd malheureusement. Il faut attendre les années 70 et la création de l’association des trufficulteurs de la Vienne par Jacques Manreza pour entrevoir une renaissance. Aujourd’hui, 140 adhérents cultivent avec passion 300 hectares répartis entre Loudun, Chauvigny, Civray et Poitiers.
Beurre de truffe
TOUT SAVOIR SUR LA TRUFFE
La Tuber melanosporum prospère uniquement dans les sols calcaires à une profondeur de 1 à 20 cm, au pied des arbres dit truffiers (chênes, noisetiers, tilleuls, charmes…). Comparée aux autres champignons, son cycle apparaît relativement long. Pour la trouver, les caveurs oscillent entre trois possibilités : le flair du chien, voire celui du cochon, ou bien la mouche à truffe.
La « pomme féérique » (dixit George Sand) voit ses naissances s’échelonner en avril-mai pour une récolte entre décembre et février. C’est en janvier que le consommateur peut déguster les spécimens de meilleure qualité. On note trois périodes cruciales pour une bonne maturité : un printemps chaud et humide, un mois d’août avec un peu de pluie et un hiver sans gel.
La truffe idéale est bien ronde et pèse environ 20g. Conservation : 8 à 10 jours.
Le principal conseil que j’ai retenu de ma rencontre avec Mme et M. de Kermadec : ne jamais cuire la truffe afin de préserver toute sa saveur. Elle est par exemple délicieuse râpée crue au-dessus du plat juste avant de servir.
Je dois avouer que j’ai très envie de mettre en pratique la simplissime recette de Mme de Kermadec : le beurre salé truffé. Mouillettes de fêtes assurées !
Cette année, le marché aux truffes se tiendra samedi 21 décembre à la Maison du tourisme. RV dès 10h jusqu’au début d’après-midi…
http://www.tourisme-vienne.com/fr/e…
Bonjour Jean, voici la recette du beurre de truffe :
10 % de tuber mélanosporum, 90 % de beurre salé
Mixer le tout, mettre au réfrigérateur en recouvrant le mélange d’un film étirable.
A utiliser sur des toasts à l’apéritif, sur des pâtes, dans de la purée, sur des viandes cuites.
Ne pas faire cuire ce beurre mais le faire fondre au dernier moment dans vos préparations.
Le beurre non utilisé peut être congelé pendant quelques mois dans un double emballage.
+ de recettes sur le site des trufficulteurs de la Vienne : http://bit.ly/19bRWlA
Très appétissant. Pourriez-vous nous donner la simplissime recette de Mme de Kermadec ? Merci bcp
Pour les gens soucieux d’en savoir plus sur l’invention de la trufficulture en Poitou au XVIIIe siècle par le meunier P. Mauléon (exactement à Beuxes près de Loudun), on peut lire toute l’histoire de cette découverte dans la Saga de meuniers, moulins domaines et truffes (Histoire de Beuxes Tome II, par T. D. de Laplane). P. Mauléon inventa la trufficulture, son petit-fils devint « marchand de truffes », son arrière petit-fils mit au point les premières techniques d’ensemencement de truffières connues dans la Vienne, et la génération suivante créa une conserverie,etc. Livre disponible à Loudun : Librairie Quintard, Maison de la Presse, Office de Tourisme et Mairie de Beuxes.
Si vous souhaitez découvrir la truffe picto-charentaise, n’hésitez pas à venir déguster notre repas Truffes à la Ferme Auberge du Puy d’Anché tout le mois de janvier où vous pourrez la goûter de 10 façons différentes, de la mise en bouche au dessert. 🙂
http://www.ferme-puyanche.fr
J’avoue, ça donne super faim !